
Et si l’enfant que vous avez aimé, élevé et protégé n’était pas vraiment le vôtre ? Ce scénario digne d’un film dramatique est pourtant bien réel. Des erreurs à la maternité ont conduit des familles à découvrir, parfois des décennies plus tard, qu’un échange de bébés avait eu lieu. Mais comment de telles situations sont-elles possibles ? Et surtout, comment sont-elles découvertes ?
Qu’est-ce qu’un bébé échangé à la naissance ?
Un bébé échangé est un nouveau-né involontairement ou volontairement confondu avec un autre, puis remis aux mauvais parents. L’échange peut se produire en salle d’accouchement, à la crèche, ou même au moment du retour à domicile. Ces échanges ont été relativement fréquents entre les années 1950 et 1980, en raison de divers facteurs.
Comment un échange de bébés peut-il se produire ?
Les échanges de bébés sont rares aujourd’hui, mais peuvent survenir pour diverses raisons :
- Fatigue ou surcharge du personnel (pics d’accouchements).
- Mauvaise identification (bracelets échangés, écriture illisible, absence de double vérification).
- Mauvaise gestion des dossiers médicaux
- Manque de formation ou de protocoles de surveillance stricts (établissements anciens ou sous-dotés)
Un exemple tristement célèbre en France est celui de Sophie Serrano, survenu en 1994 à la maternité de Cannes. Deux bébés, nés à un jour d’intervalle et atteintes de jaunisse, avaient été placés dans la même couveuse.
Une auxiliaire de puériculture « fragile et alcoolique chronique » a inversé les bébés. À cette période, les bracelets de naissance étaient moins fiables, placés à la cheville et parfois perdus.
Comment découvre-t-on un échange de bébé à la naissance ?
Un échange de bébé peut rester ignoré pendant des années, jusqu’à ce qu’un doute vienne tout bouleverser. Les parents peuvent être alertés par des différences des traits physiques, une maladie qui ne colle pas avec les antécédents familiaux ou des rumeurs familiales.
Les enfants eux-mêmes peuvent ressentir une différence avec les autres membres de la famille. Ces éléments peuvent faire naître des soupçons d’adultère, avant d’être infirmés par des tests ADN.
En effet, les tests ADN sont les moyens les plus fiables pour établir une filiation. Ils analysent :
- L’haplogroupe paternel (chromosome Y) : transmis de père en fils, il retrace la lignée paternelle directe (réalisable par un homme de la lignée paternelle).
- L’haplogroupe maternel (ADN mitochondrial) : transmis de mère à tous ses enfants, il retrace la lignée maternelle directe.
- L’ADN Autosomique (atDNA) : examine les 22 paires de chromosomes non sexuels hérités des deux parents pour identifier des correspondances et estimer les origines ethniques.
En 2024, deux femmes de 55 ans ont ainsi découvert leur véritable famille grâce à un simple test ADN généalogique.
Si vous avez un doute, même léger, sur vos origines familiales, un test ADN généalogique comme MyHeritage DNA peut vous aider à y voir clair. Vous découvrirez vos origines ainsi que vos parents proches encore vivants.
Un choc identitaire : les conséquences pour parents et enfants

La découverte d’un échange de bébé des années après la naissance provoque un traumatisme profond chez l’enfant comme chez les parents et se manifeste par :
- Des troubles de l’attachement
- Un sentiment de trahison ou de perte
- Une confusion identitaire
- Un sentiment de culpabilité
- Une perte de sérénité
- Une perte du lien affectif
Face à ce drame, le besoin de parler, même timidement, peut aider à se libérer. Des psychologues spécialisés dans les traumatismes familiaux peuvent offrir un accompagnement.
Se tourner vers des groupes de parole permet aussi de rompre l’isolement en partageant les expériences. Maintenir une routine, s’accorder de l’attention et respecter les émotions de chacun dans la famille sont également des piliers pour aider à surmonter cette épreuve.
Les recours juridiques et indemnisations possibles
En France, les familles peuvent engager une procédure judiciaire pour préjudice moral, préjudice d’établissement de la filiation ou pour responsabilité médicale.
Elles peuvent d’abord tenter un recours amiable avec l’établissement de santé. En cas d’échec, la Commission de Conciliation et d’Indemnisation (CCI) des accidents médicaux peut être saisie. Elle examine les faits, détermine les responsabilités et propose une indemnisation.
L’indemnisation couvre les préjudices patrimoniaux (frais, pertes de revenus) et extra-patrimoniaux (souffrance physique et psychologique, préjudice d’affection, difficulté à construire un projet de vie « normale »).
Les familles peuvent obtenir des indemnisations significatives, comme les 2 millions d’euros accordés dans l’affaire Serrano en 2015. Le délai de prescription pour engager des poursuites est généralement de 10 ans après la majorité de l’enfant ou la découverte des faits.
Prévenir l’irréparable : les mesures actuelles dans les maternités
Les maternités modernes ont renforcé leurs mesures de sécurité pour prévenir les échanges de nouveau-nés :
- Déclaration de naissance rapide
- Bracelets d’identification vérifiés par un parent et posés à la cheville du bébé dès la naissance. Ils contiennent les informations sur l’identité de l’enfant et de la mère.
- Multiples contrôles d’identité à chaque étape clé (admission, soins, sortie), impliquant personnels et parents.
- Contact peau-à-peau et cohabitation 24 h/24 pour créer un lien immédiat et continu entre la mère et le nouveau-né.
- Codes-barres ou QR codes uniques pour chaque duo mère-bébé.
- Empreintes plantaires ou photos des nourrissons à la naissance.
- Formation du personnel à la sécurité néonatale et à la vigilance continue.
Certaines maternités vont même plus loin avec des systèmes de vidéosurveillance ou de géolocalisation des berceaux pour assurer une traçabilité complète.
Conclusion
Bien que rares aujourd’hui, les cas de bébés échangés à la naissance restent dévastateurs. Heureusement, les progrès des tests ADN généalogiques permettent de révéler de nombreux cas, parfois des décennies plus tard. La médecine et la justice offrent désormais des outils pour accompagner les familles vers une forme de réparation. Dans les maternités, la prévention s’améliore constamment pour éviter de tels drames.